Jugement HISSENE HABRE: 2ième partie
(Publié le 03 mars 2009)
Ce sujet ne manque pas de refaire de temps à autre surface dans l'actualité politique internationale et particulièrement africaine.On sait quelle adversité oppose toujours les partisans et les adversaires de l'ex-Président tchadien au sujet de ce fameux procès en vue.
Sinon, en l'etat actuel de l'évolution de la situation, des reflexions ne manquent pas de s'imposer à l'attention de l'observateur.
1) La somme de vingt-sept (27) milliards réclamée par l'état sénégalais pour l'ouverture du procès à Dakar, n'est-ce pas un peu trop? Peut-on en savoir davantage sur la justification de cette exigence vis -à-vis de la communauté internationale?
2) Ensuite, sur le continent, il doit être considéré comme acquis , le fait de pouvoir juger Hissène Habré en terre africaine, car cela honore l'Africain en particulier et l'Homme noir en général, quant à notre capacité à gérer nous mêmes nos problèmes.
Mais alors l'Afrique, ou la justice africaine se doit de relever ce défi, et ce en jugeant effectivement l'ex-Président, coûte que vaille, sans quoi la dignité d'Africain pourrait encore être affectée.
3) Si l'ouverture du procès Hissène Habré à Dakar était objectivement tributaire de l'acquisition des 27 milliards de fcfa annoncés, alors il y a fort à craindre qu'à la longue tous les chefs d'états africains (ou du tiers monde) indélicats pendant leurs règnes ou mandats, ne soient malheureusement extradés en Occident afin d'être jugés là-bas, comme Charles Taylor aujourd'hui.
En fait, à moins que l'Afrique d'ici quelques décennies ne devienne un continent assez riche, l'on pourrait avoir toujours de la peine à accumuler les milliards nécessaires au procès de nos Présidents inculpés.
Il est donc nécessaire pour nous de faire avancer la machine judiciaire dakaroise pour le cas Hissène Habré , même selon les normes africaines.
4) Si les tribunaux de Bruxelles manifestent tant de disponibilité et d'engouement à juger l'ancien Président tchadien, libre à eux de débloquer et de transférer à Dakar la somme nécessaire afin d'accélérer le processsus.
5) Une autre possibilité consisterait pour Bruxelles à soutenir les 27 milliards nécessaires et d'envoyer par ailleurs ses juges participer au procès à Dakar, auprès des juges sénégalais.
6) L'autre aspect bénéfique d'un jugement effectif de Hissène Habré à Dakar, au-delà de l'amélioration de l'image de l'Africain aux yeux des autres, c'est la capacité qu'aura ce tribunal à juger des cas similaires dans le futur, en cas de nécessité.Cela supposerait en amont, le maintien définitif des dispositions votées par l'Assemblée nationale sénégalaise et qui donnèrent au tribunal de Dakar sa vocation internationale.
Par ailleurs, si un procès mésuré et digne venait à sanctionner le cas Hissène Habré, pourquoi ne se payerait-on pas le luxe de réclamer une réextradition de Charles Taylor de la Haye à Dakar pour jugement? Entorse à la mondialisation, diront certains.Mais en réalité, un tel acte ne contribuerait qu'à agrémenter la longue marche de l'Afrique vers la respectabilité. La mondialisation n'a inhibé ni les nationalismes, ni les impérialismes, et l'Afrique doit le savoir.
7) Charles TAYLOR et Jean Pierre BEMBA sont depuis "internés" à la Haye, en attente de jugement.D'aucuns demandent l'extradition d'Hissène Habré vers Bruxelles, pendant que le président Oumar El BECHIR du soudan est sous la ménace d'un mandat d'arrêt de la part de la Cours Internationale de la Justice (C.I.J.) de la Haye.
Voilà une situation qui, même si elle peut être justifiée à certains égards, offense malgré tout de manière indigeste la personnalité de l'Africain. Elle laisse penser à un droit international de "deux poids, deux mesures", et qui donnerait naturellement un ascendant aux riches sur les pauvres. L'Afrique serait-elle devenue un champ d'expérimentation des règles juridiques pour chefs d'états? En tout cas, il ne le faudrait pas.
Et comme cette situation n'est pas irréparable, voici quelques reflexions de la C.P.R.S. dans ce sens:
1) Recruter ou admettre sur concours, un nombre suffisant de juges venant du tiers-monde pour la C.I.J., si tel n'est pas encore le cas. Des juges venant des cinq continents.
2) Adopter le principe de faire juger chaque haut responsable mondial , le cas échéant, par un collège de jurés mixtes, afin d'éviter des présomptions de racisme.
3) Faire de la C.I.J. une cours mobile, susceptible de siéger en Amérique, par exemple, afin de juger un Américain, un Européen ou un Africain.
4) Varier de façon rotative le juge principal, d'un continent à l'autre, d'une affaire à l'autre, tout cela dans le but d'une véritable intégration au sein des Nations Unies, du moins en supposant que tous en ont le souci.
Il reste à espérer que l'U.A. ait la sagesse nécessaire afin de poursuivre le traitement de ce dossier avec toujours davantage de doigté.
KOM Bernard, chercheur Indépendant à Douala-Cameroun
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