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Note:Cet article a été également publié sur www.naturavox.fr
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REFLEXION SUR
LE COMMERCE EQUITABLE
Par
PEREM A MENOUNG Ghislain
Elève en Terminal B ( 2005-2006)
Lycée Technique de Douala-Koumassi
Sous l'égide de
KOM Bernard, Chercheur indépendant
Douala – Cameroun
Mars 2007
La réduction des écarts de développement entre les pays riches et ceux du tiers-monde est devenue au fil des dernières décennies une préoccupation de plus en plus sérieuse. Nombreuses sont les instances internationales qui en ont plus ou moins fait un cheval de bataille.
Que ce soit les E. U., le G8, les bailleurs de fond, ou encore les multiples organismes internationaux qui gèrent le monde, tous s'emploient à développer quotidiennement des stratégies de redressement plus ou moins adaptées à la lutte contre la pauvreté. Augmentation de l'aide au développement, rééchelonnement ou annulation de la dette, ajustement structurel etc.…, sont autant d'initiatives porteuses ou non qui ont souvent été déployées en faveur du tiers-monde en général et de l'Afrique en particulier.
Et justement à ce propos, un concept qui fait l'actualité depuis quelques années maintenant est celui du commerce équitable, une notion économique qui quoique portée vers l'humanitaire reste bien critiquable sous certains aspects.
QU'EST-IL EN REALITE ?
Le commerce équitable est une initiative socio -commerciale dont le but est de palier à l'inégale répartition des revenus tirés des transactions du commerce mondial. Il se présente sous la forme d'un label pour les produits des pays pauvres. Ce label garantit la production dans le respect de l'environnement et une distribution équitable aux producteurs. Par là, ils obtiennent un revenu suffisant pour assurer leur subsistance et soutenir leur effort de développement.
Le concept de commerce équitable est soutenu par les institutions onusiennes à l'instar de la CNUCED (Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement), ainsi que les pays occidentaux . Il s'impose comme une tentative d'échanges égalitaires entre le Nord et le Sud. Actuellement, un nombre croissant de pays pauvres tels que le Brésil, le Mexique, le Niger, le Mali, le Sénégal, l'Inde etc.… en bénéficient.
L'innovation du concept est la réduction de la filière, avec l'intégration en même temps des objectifs sociaux. D'ailleurs, ce concept trouve son origine dans la longueur et la complexité de la filière commerciale. Une filière est le circuit que traverse un produit pour aller du producteur au consommateur final. Elle compte une large panoplie d'intermédiaires (acheteurs, revendeurs, commissionnaires, représentants etc.)
Par ailleurs, la réduction de la filière permet de diminuer les coûts, car chaque intervenant majore le prix du produit pour son revenu. Dans le cadre du commerce équitable, il est conseillé aux producteurs de se réunir en coopératives. Celles-ci s'occupent du regroupement de la production, de la transformation éventuelle des matières premières et du conditionnement du produit. Les produits sont exportés et distribués par un seul intermédiaire qui pourrait être une ONG ou un partenaire commercial. A la vente, hormis le bénéfice des espaces de distribution, le prix du "produit équitable" se compose du prix réel du produit et de primes liées à l'environnement et au développement. Ils sont reversés à la coopérative qui distribue alors les revenus aux producteurs et effectue les actions de développement
(construction des infrastructures, par exemple.) au sein de la communauté rurale. L'impact du commerce équitable est surtout important dans les pays africains. Il couvre les produits de base ( coton, cacao, café…), les produits d'artisanat ( bijoux, textiles, maroquineries etc.) ainsi que ceux de consommation courante.
Mais cependant, est-ce que pour autant, le commerce équitable mérite t-il que les pays africains prient le Père Eternel pour sa perpétuation?
LE LAVABO DU CAPITALISME
Accusé d'être le sponsor officiel de notre "Stag-développement" et acculé par le poids croissant de l'aide sous toutes ses formes, l'Occident se doit d'agir. Aussi, le concept du commerce équitable lui donne l'occasion de se laver les mains face au fiasco qu'est le gigantesque retard du développement africain. De plus, il est important de noter que la réussite du commerce équitable repose sur la générosité de la ménagère occidentale. En bref, l'Afrique retombe par là dans la mendicité commerciale. Ce détail revêt une importance capitale dès que nous savons que le commerce à l'étalage ne représente presque rien devant le commerce des multinationales qui, elles ne consomment pas équitable. En effet, le concept ne leur propose pas assez de rentabilité comme les spéculations et négociations liées aux filières normales. D'autre part, ce concept pérennise les partenariats commerciaux occidentaux face à l'émergence de nouveaux pays industrialisés (Corée du sud, Singapour, Taiwan, Brésil, Grèce…) et la montée de la Chine et de l'Inde .
A titre illustratif, l'empire du milieu est quasiment devenu le premier fournisseur de l'Afrique noire francophone. Et encore, la portée du commerce équitable se limite aux communautés rurales. Concrètement, le concept ne nous permet pas de générer des profits aptes à capitaliser notre industrialisation. A ce moment, alors que l'Occident trouve un nouveau contexte pour plaider coupable face à ces crimes anti-développement, que devient l'Afrique ?
LE DINDON DE LA FARCE
Une fois de plus, l'Afrique souffre de son absence de veto face aux grandes décisions du commerce mondial, car la question de la mauvaise distribution des revenus reste d'actualité. A titre d'exemple, les producteurs mondiaux n'ont touché que 7% ( sept pour cent) des 62 ( soixante deux) milliards d'euros générés par la vente du café en 2005. Comme quoi, le commerce équitable dans le commerce mondial est telle une mare dans le pacifique. De plus, les réalisations sommaires du commerce équitable ( écoles, dispensaires, borne-fontaines etc. ) masquent mal la lenteur de l'avancée du concept. Par dessus tout, il conforte la stagnation productive de l'Afrique. Dommage que les Africains semblent se complaire encore dans le handicap de ne pas pouvoir produire à grande échelle. En fait c'est dans cette situation que nous ne pouvons pas approvisionner les grandes entreprises, limitant ainsi la valeur de nos produits à celle du petit artisanat. Nous nous satisfaisons de quelques miettes en négligeant les bienfaits d'une coopération positive Sud-Sud. Pourtant, l'Afrique doit persister dans la revendication du droit fondamental de fixer par elle-même ses prix sur le marché international, afin de garantir le développement aux générations futures.
LA GRANDE QUESTION
L' Afrique est-elle vouée à la mendicité ? Tendre la main et toujours tendre la main à l'Occident, se faire incessamment exploiter, voilà le cycle infernal. Faut-il y rester enfermé ? Sûrement pas. L'Afrique dispose d'une large panoplie de matières premières et d'une créativité inexploitée. Ici, la question ne se limite pas à intensifier une coopération Sud-Sud, nous marchant les uns sur les autres. Il s'agit ici de faire évoluer positivement les mentalités et l'appareil productif de chacun de nos pays. Si la Chine a pu se lever malgré la suprématie occidentale, si le Japon peut fixer ses propres prix, cela signifie que nous sommes autant aptes. Et nous ne devons rester ni figurant, ni victime de la mondialisation, mais plutôt des acteurs dynamiques. A nous d'en profiter, car cette ère économique pourrait aussi être celle de l'Afrique.
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