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LE POIDS DES MODERNITES
Par:
- MPON A MENOUNG MARYLINE
Élève en Tle A4 esp, Lycée Joss de Douala (2005-2006)
Et
- PEREM A MENOUNG GHISLAIN
Élève en Tle B, Lycée Technique de Douala-Koumassi (2005-2006)
Sous la direction de
- KOM Bernard, Chercheur indépendant
Janvier 2007
‘‘Le poids des traditions’’, voilà une opinion devenue classique auprès des intellectuels du tiers- monde, et en particulier d’Afrique. Une appréhension que les uns et les autres évoquent toutefois qu’ils sont à cours d’arguments face aux zélateurs du modernisme.
La modernité, …ah, cette très chère modernité, mère de la mondialisation (qui se trouve être la dernière tendance du siècle). Modernité, soit émancipation sociale, économique, culturelle et politique. Elle s’étend conquérante aux quatre coins du globe où chaque pays l’arbore fièrement comme une médaille luisante sur le torse d’un soldat.
On peut vraiment dire que l’avènement de la modernité a été comme une aubaine pour ses partisans, une « poule aux œufs d’or» pour les pays tiers-mondistes. Bref, tout le monde était d’accord sur les avantages de cete modernité qui prône l’émancipation mentale, la liberté, et l’abolition des us et coutumes pré-existants. Quelle superbe doctrine !
Seulement, comme toute médaille, elle a son revers qui n’est d’ailleurs pas très joli. Cela ne risquerait-il même pas, au plus loin de nos souvenirs, de rester la période de nos plus bonnes années d’asservissement ?
Comme KIPLING l’aurait dit ou plutôt aurait pu le dire aujourd’hui, l’homme Blanc s’est trouvé un nouveau fardeau : avec la modernité, précédée par l’esclavage et la colonisation, il achève ainsi sa sainte trinité « civilisatrice» pour l’homme Noir, dit en quête, non plus d’humanité, mais d’identité. Une dynamique socio-économique transformant le quotidien de nos contemporains négro-africains en véritable thème de télé-réalité.
UNE AFRIQUE EN PLEIN NAUFRAGE
Ô rage, ô désespoir, que sont devenues nos si chères valeurs africaines. Où est passée l’ancestrale solidarité africaine que cultivaient nos aïeux à l’ombre de l’arbre à palabre ? Qu’est devenu notre esprit de fidélité, d’hospitalité et d’honnêteté qui faisait autrefois la fierté et la grandeur de notre peuple ? Où est donc passé la chaleur humaine qui alimentait si convivialement nos relations ? Eh bien, c’est tout simple, ces valeurs morales se sont cassées, prenant le large dans la proche de nos grands-parents, après s’être gentiment faites congédier par fée « modernité.» De toutes façons, que valaient-elles devant le Goliath dénommé « individualisme» (descendant direct du capitalisme), qui leur disait ironiquement «mouf», ceci accompagné d’un geste narquois de la main ? Ah ! oui, elles ont simplement foutu le camp, laissant le continent à découvert, et en proie à une crise sociale qui est en fait une crise éthique qu’il faut comprendre par les symtômes qui la manifestent.
C’est le cas par exemple de la dépravation des mœurs ou plus précisement le non respect de l’éthique dans nos conduites sociales.
Tout autant, l’on se doit d’évoquer la recrudescence du grand banditisme dans de nombreuses métropoles du monde et d’Afrique en particulier. Ne voit-on pas souvent des bandes armées terroriser une ou plusieurs zones urbaines en exécutant un plan d’action qu’elles ont pris soin de publier plusieurs jours à l’avance, déroutant ainsi les forces de sécurité et les groupes locaux d’autodéfense ?
Que dire, excepté que la réalité a dépassé la fiction dans notre vie quotidienne, au grand plaisir de certains stupides débats tenus par des bouches perverses dans les quartiers. D’un coup, nous sommes bien loi de l’héritage légué par nos ancêtres, et fustigés par ailleurs par les partisans du modernisme.
Ces quelques clichés nous présentent la modernité sous l’angle de sa négativité. Elle, l’Egypte du siècle, et son cortège de plaies pour un continent rendu alièné comme l’Afrique. Le chômage, l’exode rural, etc. ont frappé de tous les maux notre douce Afrique. A côté de cela, on note une progression effroyable des déviances sexuelles telles que la pédophilie, l’homosexualité et autres.
Est-ce pour ce genre de mœurs que nous nous détournons de nos coutumes ? Certains tabous imposés par nos coutumes et jugés rétrogrades par les modernistes, n’avaient-ils pas pour but d’éviter de sombrer dans la perdition, d’éviter à nos enfants de grandir dans un monde où rien n’est à l’endroit ? Est-ce pour ce « paradis» que nous avons échangé notre « enfer» ? Nos aïeux, outre tombe, doivent sûrement rédouter l’Apocalypse pour le monde actuel.
Les moyens de communication si louables, dus à la modernité ne sont-ils malheureusement pas aussi de subtiles voies d’aliénation culturelle de l’Africain par le canal de doctrines pernicieuses venues d’occident, dont le but premier est simplement celui de parasiter le mental de l’être ? De nombreux Africains dont l’incrédulité a été exacerbée par la vision trop rationnaliste de l’occident se sont détournés de DIEU, le Créateur, au profit des ordres mystiques, lesquels ordres donnent l’apparence de pièté, mais reniant ce qu’en fait la force, comme beaucuop de religions de nos jours. D’aileurs, ne voit-on pas de nombreux escrocs, déguisés en anges de lumière, soi-disant hommes de Dieu, éléver de fausses églises dans le but de soutirer leurs revenus aux âmes éprouvées ? Mais, gloire à Dieu que l’existence de faux billets n’empêche pas celle de vrais (billets originaux) dans la circulation. Il est important de préciser que toutes ces arnaques honteuses sont motivées par la recherche effrenée du profit, prônée par le capitalisme occidental.De plus,il faut en relever les conséquences non négligeables sur la société africaine,telles que la dislocation du socle familial, l’inculturation, etc.
UN DESASTRE ECOLOGIQUE
Dans l’énumération des grands « exploits » de la modernité, la tête de la liste serait peut-être la destruction de l’environnement. Quel grand malheur pour certains Africains dont les croyances ont été détournées par des inconscients, irrespectueux de mère nature ! L’Africain n’est-il pas fondamentalement écologiste depuis belle lurette ? Nos parents ont longtemps été fustigés, persécutés, traités de stupides et d’irrationnels, à cause de leur très grand attachement aux arbres et aux forêts qui représentaient pour eux des forces vitales. De nos jours, la déforestation a cours, au grand dam des derniers gardiens de la tradition. Par égoïsme de capitalistes, il y a une exploitation forestière abusive, car la modernité, raisonnable qu’elle est, s’appuie sur ses principes et ne saurait faire miséricorde à un quelconque patrimoine culturel ou naturel. Même la couche d’ozone fait les frais de cette durété de cœur, et partant, l’humanité toute entière. Allez dire à l’Amérique de réduire de dix pour cent, dix petits pour cent, son émission de gaz carbonique et elle courra acheter le permis de polluer en chine ou dans les pays tiers mondistes. Est-ce concevable, un droit de polluer qui se monnaie ?
La modernité a depuis fait perdre aux hommes leur humanité, depuis que ceux-ci ont cessé de respecter les vies animales, végétales ou minérales, en se proposant de les dominer au contraire, bouleversant ainsi l’ordre naturel des choses. Et depuis lors, c’est tout qui y passe ; le ciel, la terre, l’air, l’eau etc.
UN EPANOUISSEMENT SOCIAL FANTÖME
L’idéal suggéré par la modernité a conduit de nombreuses personnes rêveuses ou naïves à quitter la tranquilité et la relative suffisance de la vie compagnarde par complexe. Poussées par des raisons multiples, des vagues humaines quittent les campagnes pour remplir les bidonvilles des grandes métropoles où la vie est assurement plus pernicieuse qu’au village. Et vient alors la désillusion vis-à-vis de l’eldorado escompté.
Mais, par un orgueil qui ne sied qu’aux complexés et victimes de la modernité, l’on préfère rester là dans une promiscuité déshonnorante, pour grossir les rangs des chômeurs qui attendent un vain miracle (puisque dépourvus de toute qualification), condamnés à la débrouillardise. C’est ainsi que beaucoup de ces désillusionnés s’enlisent à la fin dans les jeux de hasard, la prostitution, les perversions sexuelles, la drogue, etc. quand ils ne contribuent pas à augmenter le nombre de bâtards en ville, brisant au passage, de nombreuses vies, au nom si doux de la modernité.
En fait, il est important de dire qu’à cette heure, l’Afrique vit un contexte de mondialisation qui la maintient dans une situation critique de dépendance et de perdition. Elle vit une crise pluridimensionnelle qui tous les jours perpétue la perte de son identité et qui entre autres, ne serait pas sans rapport avec les remous politiques observés ça et là sur le continent.
UNE INSTABILITE POLITIQUE SANS PAREIL
La modernité, comme les rois mages pour l’enfant Jésus, est venue avec son cortège de présents pour l’Afrique dont la civilisation est jugée puérile, dont l’organisation étatique indigène des sociètés est qualifiée de peu viable. C’est pourquoi l’occident a jugé bon d’apporter à l’Afrique la « politique. »
Après avoir longtemps tergiversé sur la capacité des Africains à se gérer eux-mêmes, on fini par leur accorder l’indépendance, en leur donnant le privilège d’accéder à ce concept qu’est la démocratie actuelle et qui est le propre des occidentaux. A présent, les Africains ont eu aussi le droit de choisir leurs dirigeants. Mais comble de l’ironie, ces pays hier ‘’accordeurs d’indépendance’’ n’hésitent pas fomenter ensuite des coups-d’états dans le but d’évincer tout dirigeant un peu trop rebelle à leurs caprices. En d’autres termes l’indépendance en Afrique n’a été qu’une entourloupe. En témoigne aussi les assassinats de nombreux nationalistes africains, commandités depuis l’extérieur.
De plus, quand on observe l’ébulition démocratique actuelle, on a l’impression qu’on a à regretter un peu les organisations hiérarchiques des sociètés indigènes d’antan. En fait, elles n’ont rien à voir avec l’imbroglio qu’on nous présente aujourd’hui comme gouvernement démocratique. Elles étaient plus rigoureuses et avaient une forme bien définie, contrairement à ces démocraties qui semblent plus être des « démocratures», une sorte de mixage bizarre entre la démocratie (dans les mots) et la dictature (dans les actes). On dirait que l’Afrique s’est fourrée dans un piège, un on-ne-sait-quoi qui la dépasse clairement.
En définitive, il n’y a qu’un mot à dire : merci pour cette belle médaille (modernité), gage de notre accession à la civilisation. Etant donné que la très maternelle modernité ne cesse de gâter ses enfants terribles (dépravation des mœurs, exode rural, destruction de la nature, grand banditisme, mondialisation, etc.), il devient assez clair que la tradition a été et reste stigmatisée à tort. Sa hotte de tares aurait même un contenu relativement réduit face à celle de la modernité. Aussi, il est important de noter que modernité et tradition ne sont pas opposées, mais bien plutôt complémentaires, car l’on ne peut savoir où l’on va, si l’on ne sait d’où l’on vient. La tradition constitue la mémoire du passé, la bibliothèque du vécu antérieur et chaque peuple en dispose. Le Japon actuel, entre autres, n’est-il pas un bon exemple d’osmose entre tradition et modernité ?
Dans la conscience collective, la tendance est à associer tradition et valeur négative, puis modernité et valeur positive, autant que l’on confondrait obscurité et ténébre ou encore lumière et sainteté. Jusqu’à quand cette confusion dans les esprits restera - t - elle prisonnière des nombreux coups d’éclats du modernisme ? N’est-ce pas que l’humanité actuelle pense en général que « le monde évolue» ? Ne devrait-on pas plutôt dire que « le monde change» ? Oui changement, et non évolution, peut-être. Si d’aucuns estiment que la tradition ne peut libérer l’homme, qu’ils veuillent réaliser que la modernité n’est pas une garantie non plus.
La présente réflexion, sans avoir pour but d’enjoliver la tradition, sans vouloir ignorer des apports positifs dus à la modernité, entend simplement équilibrer la pensée courante en la matière, faire comprendre que « avancée dans le temps» ne rime pas forcément avec « avancée dans le développement» ou encore que modernité et tradition reste bien comparables. Autant on ne peut prendre que ce qu’il y a de bon dans la tradition, autant on ne peut prendre que ce qu’il y a de bon dans la modernité.
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