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                                  Note:Cet article a également été publié sur www.sportvox.fr

 

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FOOTBALL AFRICAIN :

DE LA C.A.N. 2008

DU GHANA

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Par :

                                       KOM Bernard
                                                                  Chercheur indépendant

 

 

Février 2008

 

 

 


         La fin de la CAN  2008 du GHANA est ainsi une occasion de plus pour mener des réflexions constructives à l’endroit du football africain.

         L’Egypte qui l’emporte, l’Afrique du Sud (hôte de la coupe du monde 2010) qui sort par la petite porte, les Lions Indomptables qui perdent en finale après avoir suscité tant d’espoir, Samuel ETO’O qui établit son double record, etc, sont autant de centres d’intérêt pour l’observateur, à l’issue de cette vingt sixième édition de la coupe d’Afrique des Nations.

ET   L’EGYPTE

         Une fois de plus elle aura démontré tant pendant la compétition qu’en finale face aux Lions Indomptables du Cameroun, toute la grande classe de son football, une classe que l’on aimerait voir HASSAN SHEHATA et ses poulains développer à nouveau en 2010, non plus seulement pour la CAN, mais aussi et surtout pour la coupe du monde en Afrique du Sud. Cela ferait à coup sûr de l’Egypte, le meilleur représentant africain, même si cette compétition n’a pas toujours beaucoup sourit aux pharaons jusqu’ici. Il est vrai d’autre part que le caractère imprévisible et même énigmatique des Lions Indomptables reste très susceptible de les propulser inattendument un jour ou l’autre en finale d’une coupe du monde de football.

Par ailleurs, la victoire de l’Egypte avec une équipe constituée en majorité de locaux (le coach, 17 locaux et 06 joueurs évoluant à l’étranger) a laissé penser à des observateurs  que c’est la formule qui marche et que les autres équipes du continent devraient s’y mettre. Dans la  même optique, certains voudraient même, de ce fait, voir la CAF imposer un quota amateur aux équipes nationales africaines. Quelle erreur de vision ?             

         Dans les autres pays africains, « locaux » équivaut à « amateurs », alors qu’en Egypte ce sont des professionnels ou des semi professionnels, malgré tout. Un sportif professionnel a toujours une meilleure probabilité d’être plus compétitif qu’un sportif amateur. Compte tenu du professionnalisme égyptien et de la propriété précédente, les autres nations africaines devraient peut-être continuer à recourir principalement à leurs professionnels, et mieux encore penser au plus tôt à asseoir intérieurement un football professionnel. C’est à ce prix que les championnats africains, les coupes interclubs, et les CAN seront plus disputés et l’Egypte un peu moins dominante.

         Etant donnée que les autres nations étaient autant constituées de professionnels (certes éparpillés en Europe, ce qui augmente les dépenses nécessaires au rassemblement) il convient donc de saluer à sa juste valeur, le génie complémentaire du coach Hassan SHEHATA de l’Egypte.

                                     DU CAMEROUN

         Comme  le veut une certaine tradition les Lions Indomptables ont montré une fois de plus que même dans l’impréparation ils restent capables d’atteindre les sommets, et ce au grand dam de nombreux supporters qui tiennent, peut-être à tort, à voir absolument la manière dans la victoire. Ceux des camerounais qui souffrent de ne pas voir leur équipe pratiquer un football rationnel, élaboré et saisissable, tarde simplement à comprendre que la puissance fondamentale des Lions est leur caractère imprévisible et énigmatique. Or être insaisissable face à ses adversaires peut être une force plutôt. Pourquoi tenir à tout prix à juger les Lions à travers les schémas des  autres, plutôt que de les prendre dans la démarche irrationnelle qui est la leur ?

         Toujours côté Cameroun, la CAN 2008 aura non seulement déclaré des talents comme Alexandre SONG, Stéphane MBIA ou Alain NKONG, mais aussi elle aura permis de réaliser combien certains médias locaux abusent dans la critique acerbe et subjective même, contre certains dirigeants du Ministère des sports, de la fédération Camerounaise de football (FECAFOOT), contre certains joueurs ou simplement contre le football camerounais.

         Les mots sont souvent très durs et insultants à l’égard de ces dirigeants (même si ceux-ci ne sont pas saints), pourtant, malgré tout, le football camerounais se porte relativement bien dans l’ensemble. Même s’il y a un problème comme celui des infrastructures, entre autres, il faudrait néanmoins se demander pourquoi certains pays africains dotés de plus d’infrastructures font –ils moins bien que le Cameroun ? Voilà un des paradoxes du football camerounais. Les classements mensuels de la FIFA ne sont-ils pas là pour étayer très souvent  ces allégations.                                    

Qu’est ce que d’aucuns n’ont pas dit de brûlant avant le démarrage de la compétition, pourtant la prestation finale des « Lions » honore tout de même l’équipe dirigeante en place.

Pendant que certains espéraient le " malheur" des Lions à la CAN 2008 afin d’incriminer la classe sportive dirigeante et même lui succéder éventuellement, une autre catégorie de camerounais non moins aigris souhaitait carrément une débâcle à récupérer ensuite à des fins politiques. Malheureusement il n’en a rien été.

         Sinon enfin, l’attaque des " Lions indomptables " a souffert de l’absence  d’un joueur de la trempe de Patrick  MBOMA (l’un des principaux artisans des victoires en Can 2000, CAN 2002, Sydney 2000 et de la finale en coupe des confédérations, etc.) qui non seulement aurait dominé les défenses de sa stature,  mais aurait aussi  exploité à bon escient les multiples centres effectués par Gérémi Sorel NJITAP, étant donné que Samuel ETO’O très souvent esseulé en attaque (surtout en finale) ne pouvait à lui tout seul tout faire. La  trouvaille d’un avant-centre de la carrure de MBOMA devrait donc peut-être figurer parmi les priorités camerounaises pour 2010, à côté du besoin standard qui est celui de l’instauration du football professionnel sur le continent, malgré la modicité des moyens.

 

                                    DE L’AFRIQUE DU SUD

 

Saurait-on garder dans la mêlée la mauvaise prestation de l’Afrique du Sud, quand on sait qu’elle est le pays hôte de la coupe du monde 2010 ? Avec deux matchs nuls (face aux Sénégal et l’Angola) et une défaite (face à la Tunisie). Ce pays aura une fois de plus montré ses limites, malgré sa victoire en 1996 et ses participations en coupe du monde. Qu’est-ce qui a bien pu manquer à cette équipe des BAFANA BAFANA qui, consciente des enjeux de 2008 et surtout de 2010, s’est attribuée depuis plusieurs mois (donc à temps), les services d’un entraîneur venu tout droit du pays roi du football, en l’occurrence  le Brésilien Carlos Alberto PARREIRA ?

         On a vu cette équipe évoluer avec rapidité agilité et précision, mais on pourrait lui faire au moins trois suggestions, car l’image du football africain dans son évolution, dépendra en partie de la prestation des Sud africains en 2010.

         Penser illico à instaurer le professionnalisme au pays (si ce n’est pas déjà un fait), éviter la pratique de la défense en ligne (technique défensive qui fait souvent encaisser des buts discutables pour hors-jeu, mais validés quand même), et enfin recruter souvent des joueurs un peu plus grands de corps (poids et taille). Voilà  une petite prescription  qui pourrait soulager le foot des BAFANA  BAFANA.

 

QUELS  ARBITRES ?

 

         Voilà une CAN 2008 qui s’est déroulée de bout en bout sans grand scandale d’arbitrage, comme cela aurait pu être le cas.

         On a vu les hommes en noir allier la rigueur, la transparence, à la tolérance, la mesure et la sagesse dans l’application des lois du jeu.

         Ce constat  assez   honorable est à mettre aussi à l’actif de la CAF tout naturellement, qui fait ainsi montre d’une bonne gestion des compétences techniques – Attitude à pérenniser.

 

                            DES  RECORDS  EN BUTS

 

         Bien prolifique en buts aura été la CAN 2008 du Ghana. Non  seulement il y a eu un nouveau record absolu de 99 buts en 32 rencontres (soit une moyenne de 3,09 buts par match), mais aussi, le camerounais Samuel ETO’O, triple ballon d’or africain s’est brillamment distingué comme meilleur buteur de l’édition avec 05 (cinq) réalisations, et en battant le record du nombre de buts en phase finale de CAN, lequel record était détenu jusque-là par l’ivoirien Laurent POKOU, auteur de 14 buts.

         Il convient certes de saluer à sa juste mesure cet acte héroïque de Samuel, mais avec plus de rigueur dans les analyses, l’on réalise la nécessité de distinguer le joueur au plus grand nombre de buts, le JGNB (qui est ETO’O avec ses 16 buts marqués) et le meilleur buteur, le MB (qui reste heureusement ou malheureusement Laurent PKOU) qui est celui présentant le meilleur  ration : nombre de buts marqués en phases finales de CAN par le joueur, divisé par le nombre de matchs de phases finales livrés par le joueur.

         Dans la même optique, de tels ratios pourraient être calculés pour connaître le pays au plus grand nombre de buts marqués, ainsi que le pays meilleur buteur de la CAN de football.

         A côté des individualités comme Samuel ETO’O, Didier DROGBA, Michael  ESSIEN ou encore Fréderic  KANOUTE (le ballon d’or Africain 2007), une  autre individualité manifeste en CAN 2008 à été sans nul doute Rigobert SONG le capitaine des Lions Indomptables du Cameroun.

 

                                      LE  CAS  RIGO

 

         Son  erreur défensive face à l’Egypte le 10 Février dernier en finale de la CAN 2008 a non seulement coûté le trophée aux lions, mais a davantage poussé Rigo aux devant des projecteurs et fait coulé de l’encre et de la salive.

         Mais, quoi qu’il en soit, Rigo a globalement fait une bonne CAN, déjà que beaucoup d’observateurs mal avisés le trouvaient vieux. Au-delà de la CAN 2008, souvenons-nous qu’il reste l’un des rares capitaines africains de foot à avoir brandit par deux fois le trophée de la CAN, si l’on laisse de côté ses multiples randonnées internationales (participation en coupe du monde, coupe des confédérations, etc..) avec les Lions, dans une continuité dont seuls des joueurs comme Roger  MILLA, Thomas NKONO, ou Théophile ABEGA, avaient le secret. Une  continuité dont les Lions auront grandement besoin aussi pour le jeune Alexandre SONG, le neveu de son oncle.

Les  Lions Indomptables du Cameroun sont à l’image d’une générateur électrique.

Entre 1975 et les années 90 ses deux pôles étaient Thomas NKONO et Roger MILLA, lesquels ont ensuite été remplacé respectivement par Rigobert SONG et Samuel ETO’O.

         Pour la suite des évènements à propos de Rigo, le public camerounais devra se garder de le vieillir verbalement comme on en a la bien fâcheuse habitude. Roger  MILLA et Raymond KALA  NKONGO ont été ainsi vieilli par les mauvaises langues, à des moments où ils avaient encore du répondant. C’est dire que moyennant une bonne préservation physique, Rigobert SONG restera une compétence digne pour la coupe du monde 2010 en préparation.

         Et toujours dans le chapitre des individualités du football africain pourquoi ne pas tirer un coup de chapeau à cet autre géant ?

 

 

                           UNE  RETRAITE  MERITE

 

         La veille de la CAN 2008 a été marquée par un événement qui mérite une fois de plus d’être relevé, à savoir la retraite professionnelle de l’un des grands monuments du football africain. Tout le monde sait avec quelle patience, passion et détermination Gérard DREYFUS a servi le football africain.  Comme une mémoire centrale, il a toujours su gérer les bonnes informations aux bons moments, donnant parfois l’impression d’une réincarnation d’un SOUNDIATA  KEITA ou d’un KANKOU  MOUSSA. Doté de toutes ces années d’expérience continentale, cet  Africain dans l’âme ferait probablement un bon consultant auprès des fédérations africaines de football, de la CAF, ou même du comité d’organisation de la coupe du monde 2010 en Afrique du Sud.

         Bonne retraite M. Dreyfus et que les dieux du continent vous accordent leur consécration. Et comme la phase finale de CAN constitue un moment approprié pour analyser le degré d’évolution du football africain, pourquoi ne pas dire un mot sur la faiblesse de niveau dans les championnats nationaux africains ?

 

DES  CAUSES  UN PEU MAL PERÇUES

 

         Au Cameroun, comme dans d’autres pays du tiers monde, la faiblesse de niveau dans les championnats locaux, ainsi que son corollaire qui est la désertion des stades pour le grand public, tout cela est mis en général au compte d’une mauvaise gestion de la part des Ministres des Sports et / ou des dirigeants des fédérations nationales de football.

         Même si ceux-ci ne sont pas des enfants de cœur, le problème majeur est peut-être ailleurs. Le début des années quatre-vingt marque une nouvelle ère pour le foot africain. C’est le début d’une vaste exode des talents vers l’occident. Le football professionnel européen depuis lors est resté telle un pompe aspiratrice de futurs vedettes, lesquelles attirent le public au stade. Cette attitude assez compréhensible des jeunes Africains en quête de devenir est simplement imposée par le déséquilibre financier que le capitalisme humain a crée et entretient entre l’occident et le tiers-monde. Ainsi, quand bien même le foot viendra à être professionnalisé partout sur le continent, il faudra espérer ensuite que ce football professionnel soit riche au-dessus d’un certain seuil, afin que l’exode vers le professionnalisme européen (plus riche) soit relativement contrôlé. Jusqu’à quand continuera t-on d’imputer à des dirigeants sportifs africains, la faute à un système financier mondial ?

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