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Note:Cet article a également été publié sur www.agoravox.fr
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A PROPOS DE L’AFFAIRE DE L’ARCHE DE ZOE |
Par
KOM Bernard
Ø Mathématicien
Ø Chercher indépendant
Janvier 2008
L’Affaire de l’arche de ZOE au Tchad tend vers son dénouement depuis la condamnation il y a quelques jours, des six français coupables d’enlèvement de la centaine d’enfants Tchadiens.
A cette étape fondamentale et quasi-finale de l’affaire, quelques observations ne manquent pas d’interpeller objectivement la critique internationale.
UN PRETEXTE
Si les enfants tchadiens étaient destinés à des familles d’accueil comme l’on affirmés les membres de l’Arche, il n’aurait jamais été besoin qu’ils soient plutôt enlevés en toute discrétion. L’action humanitaire étant une mission plutôt noble et légale, les enfants auraient été plutôt recrutés de manière ouverte et même sous l’assistance de l’administration tchadienne.
Cette idée humanitaire ainsi évoquée par l’association, ajoutée au mensonge de l’origine soudanaise des enfants, trahit assez bien l’intention malsaine qui destinait ses pauvres enfants Africains plutôt à des fins suspectes.
Cet acte suffisamment grave qui a été saisi par la justice tchadienne laisse une marque sérieuse dans l’histoire.
UNE JUSTICE DIGNE
Les débuts de cette affaire sont marqués par une propension assez grande dans l’opinion internationale, à suggérer une expatriation des mis en cause vers l’Europe avant jugement.
D’autre part, de nombreuses tergiversations essayent de remettre en question la capacité de la justice tchadienne à régler cette affaire. Et c’est d’ailleurs dans cette mouvance que le Président SARKHOZY effectue son voyage de NDJAMENA et ramène un contingent de journalistes et pilotes plus ou moins impliqués dans le problème, avant d’émettre ensuite, quelques jours plus tard sa fameuse idée d’aller rapatrier aussi le reste du contingent « quoi qu’ils aient fait ».
Mais c’était sans compter avec une élévation de la conscience de la justice tchadienne qui était alors en gestation.
Etant donné qu’il prévalait en ce moment la possibilité pour cette justice de perdre la face dans cette affaire, elle a su à la fin démontrer sa compétence à juger ce délit commis sur son territoire.
Ce sens de la responsabilité manifeste de la part de la justice tchadienne, honore le continent tout entier, car elle traduit la capacité désormais de l’Afrique à juger l’Occident en cas de nécessité. C’est un flambeau que le Tchad a objectivement allumé et qui consacre le progrès d’un cran de la justice africaine.
Les six victimes françaises de ce procès retentissant et historique resteront les témoins vivants de cette mutation juridique africaine, même au-delà du transfèrement.
QUELLE CONVERSION ?
A l’occasion du rapatriement en France des six condamnés de l’association Arche de ZOE, un certain nombre de faits non moins importants viennent s’imposer à l’attention sérieuse.
Pendant que certains juristes français évoquent l’idée d’adaptation ou encore de conversion de la peine prononcée, dans le code pénal français, ce qui semble plus raisonnable, d’autre par contre préfèrent parler de réaménagement de la peine.
Ce dernier terme, contrairement aux deux premiers, n’est-il pas un peu maladroit, pour ne pas dire qu’il dévoile une éventuelle intention frauduleuse ? Il semble empreint de l’idée d’une probable révision du procès tenu au Tchad ou de son verdict. Or une telle démarche si elle venait à s’illustrer, serait sûrement une violation , étant donné que la justice tchadienne a démontré déjà sa compétence face au traitement de ce dossier. Ainsi, face à l’impossibilité logique d’un deuxième procès desdits coupables devant un tribunal français, la prononciation des " nouvelles" peines (les peines converties, plus précisément) ne devrait-elle pas être juste un acte juridique assez formel ?
Par ailleurs, contrairement à ce juge français qui envisage un équivalent apparemment proportionnel de 08 (huit) ans de prison ferme, d’autres observateurs (membres de familles des condamnés et autres) trouvent que les coupables ont non seulement été traités comme des criminels (le sont-ils en fait, ou en sont-ils proches ?), mais aussi que le verdict de la justice tchadienne a été injuste. Y avait-il de véritables éléments attestant le même degré d’implication de chacun des accusés dans l’affaire, ou alors les jurés tchadiens ont-ils tranchés un peu au " piffomètre", ce verdict unilatéral de huit (08) ans de travaux forcés ?
Mais, de là à ce que certains accueillent nos prisonniers non pas avec des huées, mais plutôt avec un soutien moral, il n’ y a pas qu’un pas. Il s’en aurait fallut de peu que ces " braves combattants" rescapés de l’enfer pénitencier du tiers monde, soient accueillis par les youyou de certains.
DE L’EXECUTION DE LA PEINE
En admettant que la peine vienne enfin à être raisonnablement convertie, il ne serait pas excessif de vouloir s’assurer de l’exécution effective de celle-ci. Pourquoi ? Il y a quelques mois, dans le procès très similaire des enfants Libyens contaminés aux VIH, l’opinion internationale a pu apprécier en direct comment l’argent et la politique sont au-dessus de la loi, et plus encore comment les coupables (les infirmières bulgares et le médecin palestinien) avaient été graciés par la justice de destination avant même l’atterrissage du vol qui les transportait. Peut-on espérer dans le cas tchadien, où le délit est relativement moins grave, que la peine ne soit pas exécutée avec quelques manquements ou des complaisances ? Quelle garantie de suivi permanent de l’effectivité de la peine l’Afrique et l’opinion internationale ont-elles face à cette condamnation ? Y aurai-il une disposition juridique des accords judiciaires tchado - français ou alors du droit international qui donne à l’opinion la garantie d’une exécution scrupuleuse de la peine convertie, du début jusqu’à son terme normal ?
Revendication un peu excessive, diront certains. Mais dans un contexte, ou certains trouvent, probablement à tort, que le verdict tchadien a été injuste, ou d’autres parlent plutôt de réaménagement de la peine, on en a sans doute le droit. Plus encore, lors des cinq dernières années (pour ne considérer que ce laps de temps plutôt que toute l’histoire) la jeunesse africaine a été plusieurs fois meurtrie, d’une façon ou d’une autre, par des scandales de cette nature " made in occident".
D’UN SCANDALE A L’AUTRE
A côté de ce scandale de L’Arche de ZOE au Tchad, et celui des enfants contaminés de Libye, souvenons-nous de celui des vaccins contaminés à Kano au Nigeria, ou encore celui des essais au TENOFOVIR perpétré contre de jeunes prostituées à Douala au Cameroun
Face à tant d’attitudes sadiques contre l’Afrique, et si l’on y inclus celles évoquées par le britannique JOHN LE CARRE dans la constance du jardinier, l’on est en droit de se demander qu’est ce qui se trame d’analogue en ce moment sous la pénombre ? Serait-ce criard de penser à l’idée d’un génocide africain ou tiers-mondiste planifié par des aventuriers ou simplement des mouvances malveillantes ? Toujours est-il que les faits sont là, et interpellent une justice africaine qui dans sa globalité doit entrer en éveil, à la suite de l’exemple tchadien.
UN IMPACT A REBOURS
Si malgré les pressions sociales et politico - médiatiques qui ont entouré ce procès, la justice tchadienne est parvenue à exercer sa souveraineté juridique jusqu’au bout, cela traduit une certaine capacité des hommes à se mettre à la hauteur des grandes responsabilités.
Pourquoi une telle prise de conscience, une telle mutation juridique ne saurait-elle pas, par analogie, permettre une prise en main du procès de l’ex-Président tchadien HISSENE HABRE, au Tchad ou au Sénégal ? Pour le cas d’un procès au Tchad par des jurés tchadiens, l’on pourrait par exemple les prendre d’origines ethniques diverses, quitte à ce qu’un véritable consensus vienne, à la fin de toutes les analyses, éclairer le verdict contre le coupable Président.
Par ailleurs, le procès de l’Arche de Zoé a permis de réaliser combien le souci du rapatriement des accusés ou coupables est cher et urgent aux occidentaux.
Autant Madame SARKOZY et d’autres personnalités occidentales se sont mobilisées pour le rapatriement des infirmières bulgares et du médecin palestinien de Libye, autant Monsieur l’a fait au Tchad récemment pour quelques membres de l’association Arche de Zoé. On sait que ce dernier avait manifesté même l’idée d’un deuxième voyage de rapatriement, qu’il n’a ensuite pas eu l’occasion d’effectuer.
Cette idée d’extradition, de transfèrement ou de rapatriement déjà si fortement ancrée chez les occidentaux révèle bien comment la pensée occidentale actuelle (par mépris, par orgueil ou par paternalisme) conçoit mal encore l’emprisonnement d’un de leur concitoyen en terre africaine.
Est-ce la une bonne adaptation à l’ère si bien prônée de la mondialisation ?
Inversement, on sait qu’un Africain, et non des moindres, est en attente de jugement à la Cour International de Justice ( C.I.J. ) au Pays-Bas.
Est-ce que au nom de l’orgueil (alors légitime) africain, et vue la détente juridique dont l’Afrique vient de faire preuve à travers l’appareil judiciaire tchadien, l’on ne pourrait pas, par le truchement du Nigeria, d’un autre état africain ou même de l’union africaine (U.A.), solliciter un retour pur et simple de l’ex-dictateur libérien Charles TAYLOR, pour un jugement courageux, effectif et en bonne et due forme, sur le continent ? Bizarre comme analyse ? Même si cela apparaît telle une rétrogradation, il faudrait surtout y voir peut-être le regain de dignité dont l’homme Noir sera l’objet, si l’échéance venait à avoir lieu. Ou alors, tout au moins en dernier ressort, devrait-on solliciter l’intégration d’un minimum de deux juges africains parmi ceux devant siéger pour le procès de M. TAYLOR, à la Cour Internationale de Justice ? Cela contribuerait-il un peu à réduire le petit dénigrement que ce procès constitue en sourdine pour l’homme Noir ?
Voilà livrées quelques réflexions dues à l’affaire de l’Arche de Zoé, une affaire qui a eu lieu, non pas parce que le riche voulait aider le pauvre (vu le prétexte de l’humanitaire), mais peut-être plutôt parce que le riche a besoin de basses gens pour de basses besognes. Aussi, étant donné que ce type de trafics clandestins d’enfants n’est ni le premier, ni le dernier, la société africaine devra redoubler de vigilance de manière à inspecter toute cargaison d’enfants en tout temps et en tout lieu. Et dans le même ordre d’idée, le processus juridique d’adoption d’enfants devrait sans doute être davantage raffiné afin d’éviter de nouveaux dérapages de ce genre.
Ampliations :
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Note: Cet article est également publié dans www.agoravox.fr, le média citoyen
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